
Allocution d’ouverture au Campus de la Jeunesse Libre du RCD
Chers amis bonjour et bienvenus,
C’est avec une fierté non feinte et un plaisir sincère que je m’adresse à vous tous,d’abord pour féliciter tous les jeunes militants de notre Rassemblement pour le travail qu’ils ont accompli dans la reconquête des espaces de luttes de notre jeunesse et donc du message d’espoir qu’ils délivrent par leurs actions dont celle d’aujourd’hui.
A cette occasion, je veux aussi saluer votre engagement sans faille et la réussite de l’opération de structuration de votre mouvement, après la tenue des assises constitutives, de plusieurs villes universitaires du pays comme Alger, Boumerdes, Batna, Oran, Tizi-Ouzou, Bejaia,Sétif, ou encore Tipaza, Bouira, Bordj Bou Arreridj, Tamanrasset et Bechar.
Je reste convaincu que les contacts que vous avez tissés, partout ailleurs dans le pays, ne sauraient tarder à se concrétiser car vous avez déjà appris à planifier, financer et organiser vos activités par vous-mêmes.
En réalité, notre réussite est aussi dans la libération des initiatives de toutes nos structures, bureaux régionaux, aile jeunesse, aile féminine…etc. Votre initiative d’aujourd’hui a été précédée, il y a moins de 10 jours, par la marche populaire organisée par le Bureau régional de Béjaia contre la politique d’austérité sélective qui cible en priorité les plus démunis parmi nos concitoyens. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que nous agissons sur le terrain de la mobilisation populaire contre cette politique d’appauvrissement des populations et de désinvestissement puisqu’il y a une année déjà nous organisions une marche similaire au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou.
Comme vous le savez tous, le RCD est un des rares partis politiques, si ce n’est le seul, à agir en dehors des périodes électorales sur le terrain avec des actions concrètes. Je peux citer pèle mêle les conventions régionales, la convention nationale, les assises nationales de la jeunesse, les assises nationales des femmes démocrates, le Colloque sur l’économie, les conférences thématiques, les conférences publiques sur plusieurs wilayas du pays, la dernière étant celle organisée à Tamenghast, les universités d’été et les campus des jeunes, les marches populaires traditionnelles à chaque 20 avril et sur plusieurs wilayas, les portes ouvertes sur le parti, sans compter celles que nous avons organisées dans le cadre de la CLTD ou de l’ICSO.
Cela, pour rappeler que le RCD n’agit pas que dans des conjonctures particulières parce que nous sommes un parti moderne qui croit que l’action d’un parti est une synthèse entre le travail de formation, de structuration, de débat interne, de communication politique, de propositions alternatives et d’actions politiques en direction du citoyen. Seuls les militants engagés savent la difficulté de la tâche, le temps et les moyens qu’exige la réussite de ce travail permanent, notamment dans un pays où les conditions d’un exercice politique libre ne sont pas réunies.
Chers amis,
En ce mois de novembre, 62ème anniversaire du déclenchement de la révolution nationale victorieuse, les lamentations et le listing des occasions ratées par un système politique qui n’a pas su lier sa légitimité aux aspirations profondes de notre peuple à la liberté, la démocratie et la justice, ne suffisent pas. Le sacrifice suprême, c’est-à-dire le don de la vie des enfants de Novembre, nous interpelle tous pour réunir les conditions d’un nouveau départ. Un nouveau départ qui s’appuie sur nos réussites, à commencer par notre victoire sur le colonialisme français, mais aussi sur nos échecs et erreurs post indépendance, et ils sont nombreux.
La confiscation des libertés, l’instrumentalisation de la religion ou de la justice, la gestion autoritariste et clientéliste de la rente pétrolière, n’empêchent pas seulement l’émergence d’un modèle de développement moderne et viable mais il vide le pays des énergies capables de construire un destin digne et fidèle aux sacrifices consentis.
Il nous faut, aussi, un nouveau départ car le monde a changé et change autour de nous. Le système politique qui a confisqué la souveraineté de notre peuple reconnait lui –même, par la bouche du chef de l’Etat, que toutes les élections organisées depuis 1962 sont à l’image de celle pilotée par Naegelene en 1948 pour réduire la représentation des nationalistes algériens à l’Assemblée Algérienne.
Nous devons répéter, haut et fort, que notre combat, parfois solitaire, pour un vote détaché de la fraude n’est pas seulement moral ; il est la condition sine qua non de la crédibilité des institutions et de l’édification d’un Etat qui parachève l’Appel de Novembre et concrétise les idéaux de la Soummam. Un Etat qui garantit et promeut l’égalité devant la loi entre tous les Algériens indépendamment de leur langue maternelle, de leurs croyances, de la couleur de leur peau ou de la nature de leur sexe.
Je saisis, cette occasion, pour répondre à quelques rares commentateurs qui feignent ne pas comprendre notre décision de participation aux élections de 2017 alors que nous continuons à dire que la fraude électorale sera encore une fois au rendez-vous. En cet anniversaire du déclenchement de la révolution de novembre, il est utile de rappeler que les Algériens n’ont pas attendu un utopique équilibre des rapports de force avec le colonialisme français, troisième puissance militaire de l’époque, pour engager la lutte armée. Il en est de mêmes des pionniers d’avril 80 qui n’ont pas attendu des garanties pour sortir dans la rue et revendiquer la reconnaissance de l’identité amazigh et les libertés démocratiques.
Nous n’avons pas aussi attendu le pouvoir, durant la décennie noire, pour appeler à la résistance populaire contre le terrorisme. En politique, rien ne se donne, tout s’arrache. C’est ce postulat qui guide l’action de notre parti.
Un nouveau départ commence par un discours de vérité en direction de nos concitoyens. Dire la vérité sur l’état de la Nation qui se fragilise de plus en plus. Dire la vérité sur le lien social qui se délite. Dire la vérité sur l’incertitude qui gagne de larges couches de la société. Dire la vérité sur la grave crise économique et financière que traverse le pays.
Il s’agit de tout revoir, tout repenser. C’est le sens de toutes les propositions du RCD.
La refondation institutionnelle par une réorganisation territoriale de l’espace algérien, en plus de rapprocher le citoyen des centres de décisions, favorisera le développement et atténuera les déséquilibres régionaux actuels. Elle permettra de promouvoir une intégration nationale démocratique et un développement national harmonieux. La réforme constitutionnelle, que nous avons proposée, vise la garantie effective des droits et libertés individuels et collectifs, la protection du libre choix du peuple, la séparation du politique et du religieux, la prise en compte de la diversité culturelle et linguistique, la consécration de la libre entreprise et de la protection de la propriété privée, l’équilibre des pouvoirs, l’indépendance de la justice, la désignation d’un Chef de gouvernement responsable devant le parlement et issu de la majorité à l’Assemblée nationale …
La réforme parlementaire que nous préconisons s’articule autour de la mise en place d’un système de contrôle et d’évaluation de l’action de l’exécutif, notamment celle de la gestion des deniers publics.
La réforme électorale que nous avons proposée est construite autour de l’institutionnalisation d’une instance permanente et indépendante d’organisation et de gestion des scrutins électoraux pour mettre un terme aux fraudes électorales systémiques et rejoindre le concert des nations démocratiques. Elle postule aussi la mise en place d’un observatoire national des élections pour permettre d’analyser, d’évaluer et de renforcer la confiance dans le système électoral.
Le redémarrage de l’économie que nous préconisons passe par le bannissement de l’interventionnisme et le dirigisme de l’Etat pour que les énergies de l’entreprenariat public soient libérées et que les injustices qui frappent les entreprises privées soient bannies. C’est à ce prix que l’économie informelle sera progressivement éradiquée et que le climat des affaires sera assaini.
Une réforme de l’éducation dans le sens de la maitrise des langues, du développement des capacités cognitives, de l’esprit d’analyse et de déduction de l’élève, de la transmission de la culture et des savoirs, de la formation du citoyen et de sa préparation à la vie économique et sociale.
Une politique culturelle qui encourage la création et développe les loisirs entre les jeunes de notre pays. Cela suppose que la liberté de s’associer soit effectivement garantie et qu’elle soit libérée des pratiques maffieuses qui ont détourné l’argent publique pour transformer la délinquance en relais des clans du pouvoir.
Mes chers amis,
Au RCD, nous n’avons jamais fait de la surenchère et nous avons toujours adapté nos revendications aux besoins du citoyen selon les capacités du pays. Nous avons accepté bien des sacrifices et nous sommes capables d’en accepter d’autres si les conditions l’exigent. Mais, quand on voit que le régime impose la censure, l’enfermement et les restrictions à notre jeunesse alors que les enfants des dirigeants bénéficient de bourses à l’étranger, de voyages indus aux Jeux Olympiques, nous refusons d’admettre de telles injustices.
Le jeune algérien est soumis à l’agression idéologique de l’école, il subit la fermeture des frontières pour l’empêcher de voyager et d’échanger. Il est victime d’une politique culturelle qui refuse le tourisme par crainte de rencontres avec les citoyens du monde. Pendant ce temps, les enfants et les proches des dirigeants vident le trésor public pour aller festoyer dans les quatre coins du monde, donnant au même temps une triste image de la jeunesse algérienne.
C’est, aussi, le sens de notre engagement dans la mobilisation solidaire pour une transition démocratique et pacifique, c’est à dire négociée. La transition pacifique vers un système politique qui tire sa légitimité de l’expression libre des citoyennes et des citoyens, car il s’agit de cela, et forcément de nature graduelle. Elle n’est pas synonyme d’une remise à plat immédiate de l’ensemble de l’édifice institutionnel ; elle peut donc prendre plusieurs schémas mais elle passe, dans tous les cas et sans aucune nuance, par la fin des fraudes électorales.
Dire la vérité et proposer des solutions n’est pas de la surenchère. Dire la vérité est déjà une forme de justice. Proposer des solutions, c’est montrer qu’il y a une alternative et donc faire renaitre l’espoir.
Chers amis,
Comme, je l’ai déjà dit, notre combat est tourné vers l’avenir. Nous sommes un parti politique propre, c’est-à-dire que nous n’avons jamais hésité à défendre nos principes, encore moins à accepter de les renier pour des strapontins ou même des conjointures. Nous mettons un point d’honneur pour que les alliances que nous contractons ou que nous avons eu à contracter soient du domaine public car, pour nous, en définitive, le seul juge est le peuple algérien. Je peux dire cela car notre autonomie constitue notre force et notre crédibilité.
Vous aurez remarqué que dans mon discours, je n’ai pas évoqué la situation financière que vit le pays et la dégradation des conditions sociales que subissent de larges couches de la population. Nous avons eu à le dire, cette conjoncture est en grande partie la conséquence des choix du pouvoir d’opter pour l’achat de la paix sociale tant que les prix du pétrole le permettaient au lieu d’opérer les réformes structurelles nécessaires pour diversifier la production au moment, justement, où il était possible d’entretenir des filets sociaux pour accompagner de telles réformes.
Il n’est, en tout cas, pas possible que le gouvernement continue à faire payer l’addition aux plus faibles. Il ne peut, non plus, continuer à fermer la porte aux protestations pacifiques des syndicats autonomes. La réforme financière que nous défendons est celle qui part des besoins collectifs que l’Etat est tenu de réunir et satisfaire. La conséquence de cela est que l’Etat n’a qu’un rôle d’encadrement et de contrôle pour la production des autres biens qui relèvent des opérateurs économiques privés.
Ce renouveau exige, aussi, qu’on prenne nos responsabilités en tant que militants et citoyens pour donner à notre pays des dirigeants à la mesure de nos espoirs et de nos ambitions. Nous sommes convaincus que notre peuple mérite que nous consentions tous les sacrifices.
Chers amis,
Les thèmes centraux, que les jeunes ont retenu pour ces journées, sont tournés vers l’avenir et permettront à tous un chacun d’aborder les problèmes de l’heure et les projections sur un meilleur avenir.
Le thème sur la régionalisation est d’une actualité brulante en raison des déséquilibres et des injustices qui caractérisent les choix et les arbitrages d’un pouvoir soumis aux intérêts de sectes et de clientèles solidement implantées dans les centres de décisions. L’absence de logiques territoriales dans les découpages administratifs n’est rien, devant les risques sur la cohésion nationale, que cette gestion génère.
Un autre thème important programmé est le rôle de l’Etat dans le renouveau économique. Le débat sur ce sujet doit permettre de sortir des sentiers battus et oser des propositions audacieuses qui tiennent compte des seuls principes d’efficacité, de durabilité et de justice.
Vous voyez bien que l’Algérie a besoin d’innovation et de rassemblement mais elle a, surtout, besoin de notre Rassemblement.
Je vous remercie pour votre attention.
Je souhaite plein succès à vos travaux.
Vive le RCD.
Vive l’Algérie plurielle et prospère.
Mohcine Belabbas, le 18 Novembre 2016.