« Cerner les blocages, établir les recommandations, donner les voies et moyens et les dispositions à prendre pour lever les obstacles et relancer l’outil de réalisation dans notre région« , c’est en ces termes que le président de l’APW de Tizi Ouzou, M. Ikarbane, dans son discours d’ouverture, a résumé les attentes du séminaire organisé par son institution les 27 et 28 janvier 2009 au siège de l’APW, devant une assistance nombreuse, composée de responsables et élus locaux, de parlementaires, d’entrepreneurs, d’acteurs sociaux, d’universitaires et de représentants de la presse nationale.
C’est un constat sans complaisance sur la situation qui prévaut à travers la wilaya qui a été présenté par le P/APW. Une somme d’ingrédients évoqués par ce dernier tels que « le terrorisme, les événements de Kabylie, l’absence d’instances élues, les enlèvements d’entrepreneurs, le marché instable des matériaux de construction, le manque de main d’oeuvre qualifiée, les difficultés bureaucratiques, la corruption… « Tous ces paramètres, ajoute M. Ikarbane, « conduisent à une désarticulation du secteur qui se morfond dans des problèmes inextricables« .
Prenant la parole à son tour, le wali, M. Hocine Mazouz, dira que « l’argent à lui seul ne suffit pas pour amorcer le développement économique » car selon lui « le développement ne se décrète pas ». « Il faudrait avant tout mettre en place les infrastructures nécessaires pour attirer l’investissement, telles que le réseau routier, la viabilisation du foncier, l’eau, l’électricité, le gaz, etc… dont souffre la wilaya ». Pour lui, « la wilaya de Tizi Ouzou accuse un retard énorme dans ce domaine ». Toutefois, il ne donne pas de solutions pour rattraper ce retard.
Plus technique, le secrétaire général a présenté le programme de développement de la wilaya sous forme de tableaux chiffrés. Il n’est pas loin du programme présidentiel à l’échelle wilayale et curieusement celui-ci concerne le bilan de la période 1999-2008 ainsi et le programme quinquennal 2009 – 2013.
Dans leurs interventions respectives, les directeurs des travaux publics, de l’hydraulique, de l’emploi et de la formation professionnelle, ils ont, chacun, essayé de défendre leur secteur respectif en donnant la liste des projets réalisés. En somme, ils ont défendu leur statut.
Les autres intervenants, qui se sont succédés à la tribune, ont donné un son de cloche diamétralement opposé, notamment les membres de l’Observatoire pour le développement économique et social (ODES), instance consultative auprès du président de l’APW. Ces derniers n’ont pas manqué d’énumérer les divers problèmes et contraintes sur lesquels bute l’outil de réalisation depuis des années dans la wilaya de Tizi Ouzou.
Dans son intervention, M. Ouchallal Mohamed, ancien président de l’APW -RCD de 1990, expert minier et membre de l’ODES, a axé sa communication sur l’humanisation des chantiers et l’insuffisance en matière d’encadrement et de maîtrise.
M. Hamdani Amar – architecte, président de l’Ordre des architectes de la wilaya et membre de l’ODES – a dressé, quant à lui , dans son intervention, un état des lieux de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’oeuvre. Il a relevé des insuffisances tant en ce qui concerne la maîtrise d’ouvrage que dans les prestations des bureaux d’études et des entreprise. Il énumère quelques reproches à l’administration tels que les délais de payement, les prix, la caution bancaire, les études, les appels d’offres et les trop grands projets, tous obstacles qui tendent à exclure les petites entreprises. En guise de perspectives, M. Hamdani dira : « le maître d’ouvrage, le bureau d’études et l’entreprise sont complémentaires et qu’ils doivent trouver les moyens appropriés pour communiquer, surmonter leurs malentendus et insuffisances pour redynamiser le secteur du BTP qui pourrait stimuler toute l’économie de la wilaya« .
Dans son exposé, M. Medjkouh Ameziane, directeur de la Chambre de commerce et de l’industrie du Djurdjura a abordé les contraintes rencontrées par les entreprises du BTPH en révélant que « sur 8700 PME-PMI existantes à l’échelle de wilaya, seules 1550 entreprises relèvent du BTP soit 18 %, alors qu’au niveau national, le taux est de 35 % ». « Les causes de ce syndrome dépressif, dira M. Madjkouh, sont classés par ordre de contraintes rencontrées à savoir « la relation avec l’administration, un code des marchés encore inadapté, les problèmes liées aux approvisionnements, l’accès au financement bancaire, le management de l’entreprise, la fiscalité et parafiscalité, le manque d’information économique et statistique et l’insécurité ».
Les communications de MM. Khouas Tahar – inspecteur des impôts et membre de l’ODES – sur la fiscalité et l’entreprise ainsi que celle de Ait Aider Akli – directeur régional de la BNA et membre de l’ODES – sur le financement de la PME /PMI, sont présentées sous forme purement technique. Ils ont expliqué et vulgarisé le dispositif fiscal de droit commun et les dispositions dérogatoires régissant le régime fiscal pour le premier et la relation des entreprises avec les banques et les modalités de financement pour le second.
Parallèlement à la plénière, trois ateliers ont planché sur les éléments clés sur lesquels s’est articulé le séminaire : maîtrise d’ouvrage, maîtrise d’oeuvre et l’entreprise. Les trois ateliers sont modérés respectivement chacun par un membre de l’ODES : Tessa Ahmed (économiste) pour le premier atelier, Hessas Malek (ingénieur en génie civil) pour le second et enfin Madjene Lakhdar (chef d’entreprise) pour le troisième.
Après plusieurs heures de débats fructueux, les rapports des ateliers ont été présentés devant la plénière.
Des recommandations diverses, denses et sans complaisance ont été données: levée des contraintes bureaucratiques rencontrées par les entreprises, transparence dans l’attribution des marchés, suivi des projets, regroupement des entreprises pour la réalisation des grands projets, allégement des procédures administratives, mise en place d’un cadre de concertation entre l’administration et les entreprises de réalisation…
Dans la perspective du regroupement des entreprises, une association des entrepreneurs a vu le jour à la fin du séminaire. Les chefs d’entreprises de réalisation ont tenu leur première réunion.
Un comité de suivi des recommandations a été installé par le P/APW. Il est composé de deux membres de l’exécutif de l’APW, de cinq directeurs de wilaya, de quelques membres de l’ODES, de trois députés et de représentants d’entreprises de réalisation et de bureaux d’études.
Voici le message du président de l’APW
